mercredi 21 septembre 2011

Le juge accorde à Fatima et Mohammed le droit de changer de prénom

On connaissait le délit de sale gueule. Cette mère de famille redoutait, pour sa part, le délit de sale prénom. C'est la raison pour laquelle elle était prête, assure-t-elle, à remuer ciel et terre, afin que la justice reconnaisse à ses deux rejetons, le droit de changer de prénom.

"Ses deux enfants, un garçon puis une fille, âgés d'une dizaine d'années aujourd'hui, ont été déclarés à la nassance par leur père. Celui-ci a choisi des prénoms avec lesquels, déjà à l'époque, ma cliente n'était pas franchement d'accord. Elle ne souhaitait pas que ses enfants portent des prénoms à consonance maghrébine. Pour elle, c'était déjà une question d'intégration", explique son avocate maître Camille Perdiguero.

La raison ? Une réaction à sa propre histoire. "Ma cliente, Aïcha, a le sentiment d'être limitée à des fonctions de femme de ménage. Elle voulait autre chose pour ses enfants, nés en France comme elle. Et pour cette maman, cela passe aussi par leur prénom. C'est le reflet d'une personnalité, d'une culture, d'une histoire. Cette maman, dans un profond désir d'intégration voulait que ses enfants s'appellent autrement", ajoute l'avocate, qui a pris ce dossier à coeur.

"On ne peut pas dire aujourd'hui, que trouver du travail soit aussi facile, quand on s'appelle Mohammed, que si l'on se prénomme Alexandre. C'est la raison pour laquelle j'ai immédiatement accepté de la représenter devant la justice".

Récemment, une demande de changement de prénoms a donc été portée par Me Perdiguero, devant un juge aux affaires familiales, du tribunal de grande instance d'Aix. Et malgré le principe l'immutabilité de l'état civil, le juge a accepté d'entériner les changements requis.

"Mohammed s'appellera désormais Kévin, comme il le souhaitait, et la petite Fatima se prénomme Nadia". Nouvelles identités que les enfants ont pu utiliser dès l'annonce de la décision du juge aux affaires familiales. "Non seulement ma cliente craignait que ses petits soient enfermés dans un ghetto social et culturel qui ne dit pas son nom, mais en plus, leur histoire familiale fait que pour cette femme, c'était essentiel", ajoute l'avocate qui, avec pudeur, évoque le destin de cette jeune mère de famille dont le sol s'est un jour ouvert sous ses pieds.

"Le père de ses enfants, impliqué dans un dossier judiciaire, a été expulsé du territoire. Elle a dû faire face, elle s'est retrouvée brutalement seule dépositaire de l'autorité parentale, devant assumer l'éducation de deux enfants qui n'étaient pas très grands..." Pour Kévin et Nadia, qui arborent aujourd'hui leurs nouveaux prénoms, "surtout à l'école", c'est donc "une petite révolution, qu'ils attendaient vraiment", commente l'avocate.

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/le-juge-accorde-a-fatima-et-mohammed-le-droit-de-changer-de-prenom

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